Jeanne Mathis a grandi dans un milieu artistique, ses parents étant co-fondateurs de la Scène Nationale Chateauvallon. A douze ans, elle assiste à une représentation de La Tempête de Shakespeare et c’est un véritable coup de cœur. Après avoir lu plusieurs pièces du dramaturge anglais, elle fait le choix de devenir comédienne.

De 1992 à 2002, elle codirige aux côtés de Cyril GROSSE et Frédéric ANDRAU (jusqu’en 1996) la Cie l’Insolite Traversée alternant les fonctions de comédienne, metteuse en scène et scénographe. Durant cette période, elle joue dans les spectacles (C’est possible) ça va, un projet franco-russe réalisé en Sibérie, La forêt d’Ostrovski, Madeleine Musique II mise en scène par C. GROSSE ; Textes sans sépulture, texte anonyme du 19ème siècle et Je suis née dans dix jours – son propre texte – mise en scène par F. ANDRAU. Elle met en scène et conçoit les scénographies des spectacles Et le reste est silence montage de textes sur le thème de l’exil, Lorsque cinq ans seront passés de F.G. LORCA. Dans des réalisations collectives elle monte et joue dans Le voyage de madame knipper vers la prusse orientale de J.L. LAGARCE, Tchékhov en acte pièces en un acte d’A. TCHEKHOV et « Théâtre à vif » le théâtre au service de l’actualité. En 2002 elle signe la scénographie du spectacle Père de Strinberg. Spectacle mise en scène par Julie BROSHEN et François MARTHOURET suite au décès de C. GROSSE. Il s’agit du dernier spectacle de la Cie.

En 2003, elle fonde la Cie Kaïros Théâtre. Se spécialisant dans la mise en scène, sa démarche tend alors à revisiter la dramaturgie de textes théâtraux, tel que L’exclu, l’idiot et autres, pièces satiriques en un acte de M. PAVLOVA dénonçant l’impuissance de l’homme dans un monde bureaucratique, Quelques conseils utiles au élèves huissiers de L. SALVAYRE une satire à l’humour grinçant ; elle s’oriente également vers des écritures moins théâtrales en adaptant le roman Push de SAPHIRRE, qui aborde le thème de la résilience, une Alice(s) d’aujourd’hui tirée d’Alice de l’autre côté du miroir de L. CAROLLS. Sa rencontre avec la chorégraphe Schéhérazade ODIN va l’amener à créer deux spectacles où se mêlent la danse et le théâtre. Si seulement tu souriais, création abordant les névroses de l’occident et Dancing, spectacle librement inspiré du Bal d’E. SCOLA. En 2011, titulaire d’une Licence Pro TAIS (Techniques Appliquées de l’Image et du Son) elle crée une installation vidéo autour du texte Salinger de B.M. KOLTES. Il s’agit de sa deuxième expérience en tant que réalisatrice, en 2001 elle avait réalisé Pour une révolte infinie, documentaire tourné en maison de retraite.

En 2016, elle obtient une licence de biologie. Attirée par le questionnement philosophique que soulèvent les lois du vivant, elle s’intéresse notamment aux liens reliant art et science ; chacun d’eux œuvrant aux frontières du mystère et du questionnement. Après cette interruption, elle revient à la mise en scène en faisant le choix de monter son texte Apoptose ou la chute des feuilles en automne. Ce projet met en scène une mère mourante, sa fille et Monsieur A., personnage racontant la vie cellulaire. Deux autres projets sont en cours de réalisation, Le voyage d’O, conte musical des océans et de leurs rivages. Un texte narratif racontant le parcours d’une particule d’eau à travers les océans et De l’autre côté des vagues, une histoire se déroulant en Afrique et qui aborde la question de l’identité .

Ces choix éclectiques de mise en scène ont tous un point commun, le texte. Pour Jeanne MATHIS, il a toujours été l’élément déclencheur, une nourriture au service du rêve et de la création.