Quelques conseils utiles aux élèves huissiers

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Texte de Lydie Salvayre
Mise en scène Jeanne Mathis
Création Lumières  Ivan Mathis
Avec Frédéric Andrau

Production déléguée Cie Kaïros Théâtre & Cie La main gauche (www.lamaingauche.eu)
Co-réalisation Espace Comédia, Toulon - Espace Gérard Philippe / Fontenay en scène, Fontenay-sous-Bois
Subvention Le Conseil Général du Var

Texte d’intention
Quelques conseils aux élèves huissiers est un pamphlet comique, teinté de cruauté. Par le biais d’un texte fait de dérision et d’humour noir, Lydie Salvayre dévoile le disfonctionnement de nos sociétés face à la pauvreté et la solitude.

On y découvre Maître Échinard, huissier de justice d’une autre époque au verbe raffiné, profondément attaché aux valeurs républicaines et nostalgique des années Pétain. Un partisan farouche de l’ordre et des lois dont il est le garant. A ses yeux nul n’est pauvre par hasard ou malchance, la pauvreté est une condition qui résulte d’un manque d’assiduité et de force morale. Aucune puissance extérieure ne régis le destin des hommes et eux seul sont à blâmer dans leur malheur. Cet argument inébranlable, donne naissance à un personnage aux convictions profondes, persuadé de la légitimité de ses actes et de la noblesse de sa profession. Pour Maître Échinard, le métier d’huissier est une vocation, au service de la Loi et qui discrédite l’huissier discrédite la Justice !

Lors de cette conférence dont le principal sujet est les procédures de saisie et d'expulsion, il va mettre en garde ses élèves devant les ruses déplorables employé par le pauvre.

[...] C'est alors que commencent les habituelles jérémiades, les lamentations qui n'en finissent pas, les supplications mouillées de larmes, les enfants qu'on arrache au berceau pour exciter votre pitié, bref, l'obscène exhibition du malheur le plus répugnant.
Ne vous laissez pas attendrir par cet étalage de misères. Laissez geindre les affligés le temps qu'il faut. Ne brusquez rien.
Si leur émotion vous paraît anormalement longue -les pauvres sont souvent d'une émotivité excessive, ce qui explique par ailleurs leur piètre performance sur le plan de la promotion sociale - si l'émotion se prolonge, disais-je, invoquez d'une voix ferme l'intervention pure et simple de la force publique. Cela les calmera.[...]

Ainsi aux yeux de Maître Échinard, le métier d’huissier est avant tout affaire de passion. De là naît un personnage certes risible du fait de sa crédulité, parfois irritant par ses propos réactionnaires voir racistes, mais également attachant. Un homme naïf, qui s’identifie à la justice pour oublier l’injustice de sa condition de mortel. Car une fragilité émane de ses propos manichéens, la peur d’admettre les failles d’une société aux vertus soporifiques.

Pour accentuer l’aspect pitoyable de cet être qui ce veux fort, l’auteur lui fait décrire toute une série de situations rocambolesques auxquelles il fut confronté durant l’exercice de ses fonctions, lui ajoutant un coté maladroit.
[...]Pour vous donner un exemple concret, je procédai, le mois dernier, à une saisie-gagerie chez un individu connu de nos services, lequel, arguant du fait qu'il était encore maître chez lui, refusa net d'allumer la lumière. Ce manque de tact affligeant m'obligea à évoluer dans une obscurité totale, et je me cognai aux meubles sans pouvoir distinguer correctement ni leur époque ni leur style.[...]

Ou encore,
[...]Le même jour, un autre locataire, usant de l'argument précité, frappa violemment sur des couvercles de casseroles pendant les deux heures que dura la procédure. Il déclara avec un accent d'ironie tout à fait insupportable que, primo, il était dans son droit, et je dus concéder qu'il l'était, et que, secundo, il aimait jusqu'au délire les musiques de percussion, ce qu'aucune loi n'avait encore interdit. Je ne pus lui opposer la moindre parade et sortis de l'appartement le cerveau en bouillie.[...]

En cette période de crise, tandis que de nombreuse personnes se voient licenciées   Quelques conseils aux élèves huissiers est une satire d’actualité.

Note de mise en scène
Le but ? Etre outrageusement drôle.
Oser la comédie dans son art le plus noble, celui du rythme effréné, de l’inconscient qui prend le pas sur les gestes et paroles murement contrôlées. Trouver un souffle de vie, envolées légère et harmonie de l’éphémère, oui rire puisque rien ne dure, rire de la maladresse humaine, de son incapacité à ne pas haïr, le temps d’une vie d’homme, le temps d’un éclair.
Oser les gags –postiches et objets qui encombrent-, situations burlesques, maladresses et quiproquos à  la Peter Sellers.
Oser le clown intérieur, dont le malheur est source de bonheur pour le spectateur. Tenter d’aborder la cruauté de nos sociétés avec la même virtuosité que Chaplin.
Oser la modernité du personnage, l’occident et ses règles de conduite, chercher dans le costume, dans la démarche un je ne sais quoi de politicien scandalisé, une vague pointe de célébrité enfariné.

Pas besoin de décors imposants, mais des accessoires, en pagayes, trombone, crayon, clefs, loupes, cartable, chaises, règles... petites bêbêtes qui vous grignotent la tête. Des diapositives comme une fenêtre sur le monde extérieur, impitoyable monde ou il faut s’armer de courage et de conviction pour ne pas sombrer.
Des lumières crues, des lumières de ville qui nous renvois à notre époque, néons froids et livides, ou encore leds aux reflets métalliques...

« Une mise en scène sobre et efficace. Un personnage haut en couleurs.»
France Inter, par Stéphanie Fromentin

«Il y a de l’humour, du sens. C’est efficace, bien joué, très actuel.»
France culture, par Joëlle Gayot

«Lydie Salvayre fait de l’irrévérence une manière de vivre, d’écrire. Elle crache sur notre bonne vieille morale à coups de mots trafiqués.»
Télérama.fr, par Martine Laval

«Le texte de Lydie Salvayre délicieusement acerbe nous propose de nous mettre dans la peau d’un parfait huissier en devenir! Sur les bancs de la classe nous assistons au cours magistral d’un Frédéric Andrau, comédien que nous savions talentieux et que nous découvrons, grâce à la mise en scène de sa complice Jeanne Mathis, atrocement drôle!»
Kouran d’art, par Angélique Lagarde