L'exclu, l'idiot et autre...

Pièces satiriques en un acte

MENTIONS
INTENTION
TEXTE
PHOTOS


Texte de Mouza Pavlova
Mise en scène Jeanne Mathis
Scénographie Jeanne Mathis (conception) Lycée P. Langevin section menuiserie (réalisation)
Création son & Lumières  Ivan Mathis
Avec Valérie  Marinese-Barboza, Ivan Mathis, Bernard Meulien, Frédéric Poinceau, Pierre Vigna

Production déléguée Cie Kaïros Théâtre

Coréalisation :  CNCDC Chateauvallon, d'Ollioules - Espace Tisot, de la Seyne sur mer - Théâtre du Sémaphore, de Port de bouc - Théâtre Europe, de la Seyne sur mer
Subvention : DRAC PACA - Conseil Régional PACA - Conseil Général du Var


Et si l’homme n’était qu’un pantin ? Une sorte d’expérience, faite par des deus-scientificus ayant subi plusieurs transformations depuis ses origines. Transformations d’ordre physique aux quelles on aura donné les noms de : Homme de Neandertal, Homo Sapiens Sapiens etc … et  d’ordre mental : acquisition de la parole, de la pensée, notion du futur, apparition des religions, de la psychanalyse …

Et si tout ceci n’était qu’une énorme farce destinée à passer le temps pour ceux dont l’éternité est lassante ? Petit être, perdu au milieu de l’univers, profondément comique et pathétique avec ses croyances, ses jugements, sa morale et ses guerres… D’une grande résistance, capable de s’adapter à toute sorte de situations même les plus incongrues, doté d’une inventivité parfois merveilleuse, parfois… surprenante, voire déroutante. Car il faut bien l’admettre, l’histoire humaine est un paradoxe sans fin, une course effrénée et sans pitié, créant l’illusion qu’au bout se trouve le pouvoir !  Mais quel pouvoir ? Celui d’être immortel ?

Peut-être bien, comme le raconte une légende : « L’homme à sa naissance est omniscient, mais afin qu’il ne révèle rien, un ange se penche sur son berceau et le doigt posé sur ses lèvres, lui murmure  Chut… "

Peut-être aussi que les poissons ne parlent pas car ils savent déjà tout…

Cinq figures bataillant maladroitement en quête de sens, confrontées à cinq situations grotesques voire fantastiques et sans logique…

Espérons que dans le marasme de ce monde dérisoire et ironique, veille en secret l’ange, l’enfant et le poisson…

Note de mise en scène
Monter Mouza Pavlova, c’est se confronter à un univers Kafkaïen, qui dénonce l’impuissance et l’incompréhension de l’homme  dans un monde de bureaucratie. Ici, la réalité se reflète dans un miroir déformant qui met en exergue  l’absurdité d’un système de société complexe. Dans ses pièces, la mort est souvent  présente, plus où moins discrète, souriante, elle nous renvoie au temps qui passe… L’homme semble soudain une petite fourmi besogneuse et dérisoire qui travaille quotidiennement dans le but de se sentir immortelle. Une petite fourmi créant ou détruisant  sans cesse, poussée par une conviction profonde, celle de bien faire. L’on se retrouve spectateur, sourire au lèvres face à ces figures qui nous ressemblent étrangement et qui se battent avec maladresse et sans répit dans l’espoir que quelqu’un les comprenne. Le rire triomphant des perdants résonne alors comme l’unique porte de secours là où réel et irréel se côtoient et se jouent de nous.

Dans un premier temps, nous devons oublier le cadre théâtral, la construction du personnage nécessite une démarche naturaliste, éviter le piège de la caricature sans pour autant tomber dans celui de la psychologie. Ces hommes et ces femmes doivent nous renvoyer à nous même car c’est là le tour de force de l’auteur.

Puis, dans un deuxième temps, superposer à cette dramaturgie du non-jeu une fine couche de peinture qui raconte le fantastique, non pas comme un effet visuel, mais comme une force invisible qui aurait pris place sans en demander la permission, et cela depuis une époque si lointaine que plus personne ne chercherait à la combattre. Comme une fatalité…

Les personnages se rencontrent dans des corps emprisonnés, costumes étriqués, contenant les lois essentielles au bon fonctionnement d’une société dite civilisée. Les couleurs sont ternies. Univers fantastique où des figures  traversent le plateau dans l’urgence, des œillères aux yeux pour ne pas se détourner de leurs objectifs… Corps qui se disloquent, trahissant le manque d’idéal et de révolte de nos esprits soit-disant en paix …

Les lumières jonglent entre des zones surexposées ou sous exposées, car il ne peut y avoir de demi-mesure là où l’interrogation n’est pas permise. Les lumières fractionnent les êtres, leur imposent parfois une rythmique. Jouer avec le regard du spectateur, afin que lui-même ne sache plus distinguer le vrai du faux.

Quant au décor, c’est une machinerie qui ne cesse de se développer réduisant par là même les limites du mouvement de l’acteur jusqu’à l’enfermement.

Lobjet acquiert  une valeur sentimentale, une importance démesurée au détriment de l’homme, il s’insinue avec lenteur dans l’espace là où il n’y avait rien.

Toutes ces histoires résonnent et s’imbriquent, liées par des intermèdes où l’on assiste à la métamorphose de cet univers et de ses figures.


Le premier, le deuxième
Personnages : Le premier  /  Le deuxième
Trame : Deux personnes dialogue sur le temps, le non-temps et la science… « Le temps a sa propre logique. Souvenez-vous de cette proposition remarquable : Si ton ami n’est pas né au moment voulu, il est ton ennemi. »

L’idiot
Personnages : L’employé  /  Le visiteur
Trame : Un homme doit partir dans le Nord pour son nouveau travail. Avant, il désire se marier afin que sa fiancé puisse l’accompagner. Pour cela, il lui faut une attestation prouvant qu’il n’est pas idiot … Malheureusement, l’administration gouvernementale qui délivre ces attestations, doit d’abord lui faire passer des tests; et cela prend du temps…

Les bijoutiers
Personnages : Mr. Jhones  /  Mrs. Smith
Trame : Lorsque Mr. Jhones croise Mrs. Smith, sa voisine, il est ravi  et entame la conversation. Etrangement celle-ci prétend ne pas le connaître. Mr Jhones à beau lui fournir nombre détail sur sa vie privée, Mrs Smith reste persuadée qu’il fait erreur.

L’exclu
Personnages :Le visiteur  /  Le directeur de prison  /  Le sergent
Trame : Un homme en colère demande à voir le directeur de la prison : il exige d’être arrêté. Pourquoi ? Il est le dernier homme libre de la ville et sa solitude est insupportable. Le directeur tente de le calmer et se refuse à l’enfermer sans motif… et puis il n’y a plus une seule cellule de libre…

Le chemin de la gloire.
Personnages : Andreï Andréitch  /  Sazon Sazonytch
Trame : Andreï Andréitch est surpris de rencontrer un ancien collègue de travail Sazon Sazonytch qui a été enterré la semaine dernière. Ce dernier répond qu’il ne compte pas changer ses habitudes pour autant : depuis toujours il vient ici attendre l’ouverture de la buvette pour boire une bière « On boit une petite bière et l’on se sent l’âme en fête. » …


Extraits de L’idiot. 
Le bureau d’une administration. Un employé est assis à sa table. Il écrit. Entre un visiteur.

Le visiteur – Bonjours. Puis-je avoir un certificat ?

L’employé (il continue à écrire puis lève la tête) – Quel certificat ?

Le visiteur – J’ai besoin d’un certificat attestant que je ne suis pas idiot. Vous en délivrez de ces certificats ?

L’employé – Oui, nous en délivrons.

Le visiteur – Parfait. Ce qu’il y a, c’est que je me marie et, à notre bureau de l’état civil, si on n’a pas ce certificat, on ne peut pas se faire enregistrer. Le nouvel administrateur a établi une réglementation comme ça. Par souci de la qualité de la descendance.

L’employé – Quand est-ce que vous vous mariez ?

Le visiteur – Mercredi en huit.

L’employé – Ca n’ira pas.

Le visiteur – Qu’est-ce qui n’ira pas ?

L’employé – Vous n’aurez pas ce genre de certificat si vite.

Le visiteur – Comment vous ne pouvez pas me le donner là, maintenant ?

L’employé – Evidemment non !

Le visiteur – Pourquoi ça ?

L’employé – On ne délivre pas un certificat pareil sans fondement.

Le visiteur – Alors, aucun problème !(il fouille dans ses poches)J’ai complètement oublié… j’avais pourtant réuni tous les documents… l’acte de naissance, mon diplôme… ah, le voilà… un certificat attestant que je suis parfaitement sain d’esprit.

L’employé (il lit le certificat et lui rend)- Ca ne change rien. L’avis de notre commission ne peut s’appuyer sur aucun avis venant de l’extérieur, ceci dans le but d’éviter toute idée préconçue.

Le visiteur – Mais j’ai encore d’autres certificats ! Ca, c’est un certificat de mon employeur attestant que j’ai travaillé dix années durant et que je me suis toujours distingué dans ma spécialité…

L’employé – Cela ne prouve rien…

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