Sallinger

Maquette inachevée d'une installation vidéo...

MENTIONS
INTENTION
VIDEOS

Texte de Bernard Marie Koltès
Conception & montage vidéo Jeanne Mathis
Création lumière & captation vidéo Ivan Mathis
Avec Fédéric Andrau, Stéphane Bault, Maryse Borini-Courbet, Xavier Hérédia, Sophia Johnson, Valérie Marinèse-Barboza, Ivan Mathis, Emmanuelle Paquet

Production déléguée Cie Kaïros Théâtre
avec l’aide de CHATEAUVALLON scène nationale dans le cadre d’une résidence de création 
Subvention Le Conseil Général du Var

Les monologues dans Sallinger, que certains acteurs apparentent à des tunnels, sont une matière concrète qui se laisse modeler. Ils sont emprunts d’émotions, de pensées, d’interrogations comme autant d’éléments destinés à guider l’acteur. Cela étant dit, le risque de tomber dans une interprétation pesante et linéaires est bien réel. Pour éviter ce piège, il me semble important de traiter chaque monologue comme une pièce de théâtre à part entière, avec son intrigue et ses aboutissants, une pièce de théâtre qui s’inscrit dans un cadre plus grand, au discours plus universel, celui du texte dans son ensemble.

Dans Sallinger, le Rouquin qui s’est suicidé donne l’impression d’être le seul personnage véritablement en vie. Mais cette première impression est peut-être un leurre, car ce dernier apparaît comme un personnage à l’arrêt, il a cessé de fuir ou d’avancer, de questionner, de mentir, il regarde sans sourciller la réalité à l’inverse des autres. Or ce sont toutes ces instabilités qui composent l’existence. Les autres, malgré leurs errances, malgré leurs doutes et leurs angoisses, sont animés d’une énergie de vie puissante, loin de se prostrer dans une catatonie sans issue, ils sont en perpétuelle ébullition. Même dans les instants les plus calmes, les plus sourds, l’on devine un acharnement à survivre, comme une sorte d’exaltation combative qui explose parfois. L’explosion peut paraître dérisoire, elle ne change rien, elle n’apporte rien si ce n’est l’avantage de faire oublier pendant un cours instant l’inéluctable …

Cependant, à trop vouloir comprendre les raisons qui nous animent, le pourquoi de l’existence, l’on peut vite se sentir déraciné, coupé de la simple nécessité d’avancer. Et s’est cela que l’on devine chez ces personnages, un besoin de maitriser des notions qui nous dépassent. Tous se tournent vers le Rouquin, personnage mort, dans l’espoir d’obtenir enfin une réponse. Mais là encore il y a méprise car la seule réponse que semble pourvoir fournir le défunt est qu’il n’y a pas véritablement de réponse.

Travailler sur ce texte, permet également d'aborder le non-dit. Le Rouquin est un personnage qui dit tout haut ce qu’il pense, il ne s’embarrasse pas de formules de politesse, il ne craint pas de blesser ou de choquer. N’ayant aucun doute, il exprime à haute voix ses pensées. A l’inverse, le discours des autres personnages est ponctué de phrases qui relèvent plus du non-dit que de l’adresse. Comme une ponctuation secrète qui divulgue les véritables causes du malaise.  Pour mettre en scène ce parti pris, nous allons créer une bande son dans laquelle le texte est parfois déformé, comme altéré, une pensé offerte au monde extérieur.  Les spectateurs errant au cœur de cet univers sonore se confronteront alors à cette parole diffuse, envahissante ou suggérée, scandée comme une pulsation cardiaque qui rappel la vie. Tous nous parviennent au travers d’images numérique, comme s’ils étaient prisonniers de leur propre réalité. Seul personnage présent au milieu de ces figures : le Rouquin. Evoluant dans le silence de sa propre mort. Entre deux respirations amenées par le défunt, les mots de Koltès résonneront comme des sentences, des cris de détresse, des murmures d’espoirs ou encore des secrets inavoués, se superposant  parfois à la parole directe du Rouquin, comme une confrontation dans laquelle les personnage tente de deviner les contours de leurs existence.

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